La fonte de « bronze » consiste à faire fondre un alliage cuivreux pour le couler dans des moules. Différentes techniques étaient utilisées, en fonction du type de moule. La première à avoir été inventée correspond à l’utilisation de moules monovalve en pierre, creusés pour présenter une empreinte en creux de l’objet à réaliser. L’usage plus tardif de moules bivalves se faisait encore à la fin de la période gauloise mais elle est minoritaire par rapport à la technique de la cire perdue qui permet d’obtenir des objets plus complexes et avec plus de détails.
Les différentes étapes
Dans un premier temps, l’objet désiré est modelé dans de la cire d’abeille. Ensuite, des évents et un cône de coulée également en cire sont ajoutés et permettront à l’air de s’évacuer correctement et au bronze de remplir l’ensemble de la pièce. Le tout est alors presque entièrement entouré d’une gangue de terre et de crottin. Après plusieurs semaines de séchage, l’ensemble cire-moule sera chauffé à basse température, pour que la cire fonde et s’écoule par le trou restant, puis la température sera montée pour cuire le moule. Le bronze sera alors coulé dans l’espace laissé par la cire, d’où le nom de technique « à la cire perdue ».
Un atelier de bronzier
Au sein de l’atelier de bronziers, le fondeur travaille au niveau du sol. Dans un four ouvert rempli de charbon de bois, le bronzier place un bol de terre cuite, appelé creuset, lui-même rempli du métal à fondre. Des soufflets en cuir permettront une ventilation manuelle pour activer la chauffe et atteindre ainsi les 1200° nécessaires. Une fois le bronze liquide, il sera coulé dans le moule en terre (technique de la cire perdu), ou dans un moule en pierre .
Après la fonte
Une fois le métal refroidi, le moule en terre sera cassé pour révéler la pièce en bronze. Si le bronzier estime que la pièce a des défauts de coulée, tout sera à recommencer car le moule est à usage unique ! La pièce sera alors refondue afin de ne pas perdre cette denrée rare qu’est le bronze. Si la pièce est correcte, les évents (conduit permettant au bronze de remplir toutes les parties creuses du moule) seront retirés, l’objet sera alors ébavuré (enlèvement de toutes les parties non désirées), éventuellement ciselé puis enfin poli .
Le travail du bronze comporte donc de nombreuses étapes, qui, chacune étant importante, doivent être effectuées avec rigueur. Au sein d’un atelier, il est fort probable qu’elles aient été réalisées chacune par un artisan spécialisé (modelage, moulage, fonte, finition)
Bronze et laiton
Le bronze et le laiton sont tous les deux des alliages cuivreux issus soit du mélange de cuivre et d’étain pour le bronze, soit de cuivre et de zinc pour le laiton. Les Gaulois de La Tène finale utilisaient ces deux alliages (exemple des fibules du Mont Beuvray). Dans les faits, il s’agit souvent d’un mélange ternaire cuivre-étain-zinc comportant soit des traces d’étain, soit des traces de zinc. Le laiton étant plus ductile que le bronze, il a l’avantage de pouvoir être martelé. Ce martelage se fait à froid, en alternance avec des recuits qui serviront à la relaxation des contraintes induites par le martelage (exemple des fibules du Mont Beuvray). Les Gaulois pouvaient également rajouter du plomb pour diminuer la température de fusion et faciliter l’enlèvement de matière (limage, ciselure, polissage, etc.).
La fonte de bronze chez les Trimatrici, en photos
Références :
Boucle de ceinture : d’après les fiches ANB-3001 et ANB-3003 de l’encyclopédie Artefacts
Poignée de coffre : dessin de Debord J.; Les artisans gaulois de Villeneuve-Saint-Germain (Aisne). Structures, production, occupation du sol.; Revue archéologique de Picardie, n°3-4, 1993. pp. 71-110
Moule à rouelles : Lobjois G., Ancien A.M. Un moule à rouelles gaulois trouvé à Variscourt. In: Revue archéologique de l’Oise, n°12, fascicule 1, 1978. revue archéologique de l’oise. pp. 3-6
Maquette de l’atelier de bronzier et creuset gaulois retrouvé en fouille : Musée du Mont Beuvray – Bibracte – http://www.bibracte.fr
Remerciements :
Les portails Persée et Artefacts pour leur accès public à des données archéologiques
Gilles GAY et Daniel ROQUET pour les photos
Fabrice SOBSZACK, pour ses enseignements
Par Daniel Roquet pour les Trimatrici©