Médecine vs mysticisme : un exemple des savoirs celtes sur l’anatomie féminine.

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L’anneau de céramique tel que découvert – Photo D. Scherzler

De récentes études ont apporté un nouveau regard sur nos ancêtres et leurs connaissances anatomiques et médicales. 

En effet, dans les années 90, plusieurs tombes datant de la fin de la période du Hallstatt ont été découvertes près de Stuttgart – Mühlhausen et l’une d’entre elles apporte de nouveaux indices quant à un artefact retrouvé sur l’un des squelettes féminins.

Cet objet est un anneau de céramique d’environ 7cm de diamètre, placé dans la région pelvienne de la défunte et ne présentant aucun signe d’accrochage. Il est intéressant de noter que la dépouille montrait les séquelles de plusieurs accouchements difficiles, ainsi qu’une faiblesse ligamentaire… 

Quelques anneaux d’argile similaires avaient déjà été découverts, par le passé, dans cette région de l’Allemagne et l’Est de la France. Certains en bronze, mais toujours localisés au centre des os du bassin.  

L’archéologue Ludwig Pauli, entre autres, avait privilégié l’hypothèse cultuelle, partant du principe que ces anneaux devaient être des amulettes, imaginant que cette pratique rituelle devait être appliquée aux femmes mortes en couche pour éviter qu’elles ne reviennent hanter les vivants.

Récemment, la préhistorienne Diane Scherzler a étudié la dernière tombe mise à jour, comportant un anneau similaire et est arrivée à la conclusion suivante : ces anneaux d’argile devaient être des pessaires, soit un dispositif médical servant entre autres à soutenir l’utérus. Cette hypothèse, déjà évoquée en 1926, fut démontrée par Diane en 2019.

Illustration à plat de la dépouille – D. Scherzler

Le pessaire est un dispositif encore utilisé de nos jours. Son utilisation à l’époque des Celtes fait sens : après plusieurs accouchements successifs, rapidement répétés, ou lors de relâchement ligamentaire (comme ce fut le cas pour la défunte de Stuttgart-Mühlhausen), les organes féminins internes peuvent s’affaisser. Le pessaire, introduit au niveau du plancher pelvien et contre l’utérus, permet d’éviter mécaniquement les descentes d’organes… !

Cette découverte a pu démontrer que nos ancêtres sont loin de nous avoir révélé tous leurs secrets et qu’ils possédaient de solides notions anatomiques et médicales, comprenant le fonctionnement de leur corps… ne se tournant pas systématiquement vers le surnaturel ni le mysticisme.

Source : D. Scherzler, Der tönerne Ring vom Viesenhäuser Hof – Ein Hinweis auf medizinische Versorgung in der Vorrömischen Eisenzeit? via le magazine In Terra Veritas.

Émilie Harter pour les Trimatrici